Les Mormons et les Noirs
D'où vient la couleur de
peau Noire ? D'une malédiction, d'après les textes anciens du
mormonisme... La peau Noire était alors associée au mal et au pécher. Pas
évident à entendre. Les mormons d'aujourd'hui admettent difficilement
l'histoire raciste de leur Eglise. D'aucun se défendent en avançant que
Joseph Smith, leur premier prophète, était un grand combattant de
l'esclavage. En pratique, c'est plutôt mitigé. Quelle est donc cette
histoire raciste tant niée par les Mormons ? Qu'en est-il aujourd'hui ?
Le point.
Les tous débuts du
mormonisme sont ceux d'un mormonisme pour tous. Sans différenciation de
race ou de couleur. En dépit des explications étranges données par les
textes sur l'origine des couleurs de peau, les textes n'encourageaient
en aucun cas le racisme. Joseph Smith, le premier prophète, fonde
l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours en 1830. Mais
les Mormons se déplacent vers le Missouri quelques années plus tard et
y sont confrontés à un environnement esclavagiste. Environnement auquel
ils se sont alors adaptés, par crainte de confrontation avec les
populations du Sud. En 1942, alors que les Mormons sont passés du
Missouri à l'Illinois, n'ayant plus à s'adapter à la politique
pro-esclavage, Joseph Smith s'intéresse de plus près aux thèses
abolitionnistes et devient de plus en plus hostile à l'esclavage...
Seulement en 1944, Joseph Smith est assassiné par des émeutiers peu
d'accord avec les idées Mormones.
Un racisme dans les règles
A Joseph Smith succède Brigham Young en 1844 qui change les règles du
jeu. Brigham Young conduit les Mormons en Utah, qui devient
historiquement un territoire Mormon. Partant d'une interprétation des
textes assez radicale, il refuse l'ordination des à la prêtrise des
Noirs, assimilant de façon nette la couleur de peau à une malédiction.
Il justifie l'esclavage comme volonté divine, allant jusqu'à en faire
une institution divine et interdit le métissage. Ses successeurs
directs, à partir de 1880 suivent la même doctrine. Les Noirs sont une
représentation du diable sur Terre, et il est impossible pour quiconque
aillant du sang Noir de recevoir la prêtrise.
Evolution Timide
Ce n'est qu'à partir de 1951, avec l'arrivée de David O.McKay à la
présidence de l'église que les choses semblent vouloir s'améliorer.
Avec la remise en cause de la ségrégation dans la société américaine,
l'Eglise de Jésus-Christ et des saints des derniers jours est montrée
du doigt. David O.McKay déclare en 1954 que l'église n'a jamais eu de
doctrine raciste, mais qu'il s'agissait d'interprétations personnelles,
de pratiques, vouées au changement. Il se prononça pour « l'égalité des
âmes » mais aucune décision dans ce sens ne fut prise sous sa
présidence. En dépit de ces paroles tant attendues, on ne peut ignorer
l'histoire ségrégationniste de l'Utah, entre 1940 et 1960, faite en
grande partie sous l'égide de l'Eglise Mormone.
Ce n'est qu'en 1978 que les paroles deviennent des faits, quand le
refus de la prêtrise aux personnes de couleurs Noires est enfin aboli.
Avec la fin de la ségrégation raciale aux Etats Unis, l'Eglise se
retrouve montrée du doigt. Sous la pression, Spenser W. Kimball,
président de l'époque, finira par mettre fin à la politique
discriminatoire de l'Eglise : il aurait alors eu une révélation du
Seigneur, l'informant qu'il était temps de s'émanciper de toute
considération de race ou de couleur.
Une nouvelle ère ?
A partir de 1978, la politique de l'Eglise est de condamner le racisme.
Les discours dès lors signalent que de tout temps, les Mormons
prêchaient l'égalité des hommes entre eux, malédiction ou non. Une
nouvelle édition du Livre des Mormons est éditée, édulcorant les
passages dont le sens pouvait aisément être interprété comme raciste.
S'il est vrai que les textes Mormons ont toujours considéré les
personnes à la peau noire comme des êtres humains, contrairement à
d'autres discours de l'époque, il n'en est pas moins certain que
l'égalité entre tous les hommes n'était pas l'argument principal des
pratiques Mormones avant les années 70. Pourtant l'Eglise de
Jesus-Christ des saints des derniers jours s'évertue encore à renier
son passé raciste. Il en faut néanmoins éviter de targuer le Mormonisme
de religion raciste. L'Eglise mormone a évolué en parallèle de la
société américaine. De tradition très conservatrice, il lui fallut du
temps pour s'adapter, le plus souvent sous la pression de la société,
aux évolutions sociales. Aussi, le Mormonisme comporte différents
courants, plus ou moins fondamentalistes, partout dans le monde. Ces
courants n'ont pas tous eu la même politique.
Officiellement, la religion prêche contre le racisme. Cependant, il est
difficile de savoir aujourd'hui dans quelle mesure cette nouvelle
politique est généralisée et assimilée au cœur des mentalités Mormones.
Aujourd'hui, l'Eglise est toujours en majorité Blanche. Les hauts
responsables sont de couleur Blanche, bien que, petit à petit, ils
s'ouvrent à d'autres couleurs de peau.
L'Utah, les Mormons et les Noirs
L'Utah n'est pas un état du sud des Etats Unis, pourtant, sont histoire
ségrégationniste est du même ordre. L'Église de Jésus-Christ des saints
des derniers a pendant longtemps tenu les reines, directement ou non,
de l'Utah. Aujourd'hui encore, 59% de la population en est membre.
Entre 1940 et 1960, on relève plusieurs faits attestant de la position
raciste de l'Eglise à cette époque : en 53 à Salt Lake City, l'hôpital
de l'Eglise disposait d'une banque de sang sans le moindre sang de
personnes de couleur, garantie de la pureté du sang des membres de
l'Eglise. Les Noirs ne pouvaient pas enseigner dans les écoles de Salt
Lake city, les mariages interraciaux n'étaient pas légaux jusqu'en 63...
Si le passé raciste et ségrégationniste de l'Utah, état Mormon par
excellence, est indéniable, on se doit cependant de préciser que le Ku
Klux Klan n'y a jamais eu un franc succès, historiquement confronté par
l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours.
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